Pour étudier cet outil, commençons d'abord par un rapide retour au collège et revoir ensemble la définition de la figure de style d’une "Personnification".
"La personnification est une figure de style qui consiste à attribuer des propriétés humaines, à un animal ou à une chose inanimée que l'on fait vouloir, parler, agir, à qui l'on s'adresse."
Auteur : Marc
Publié le 01/06/2021
Temps de lecture :
5 minutes
Informations
La personnification dans mon approche du développement personnel consiste à donner une forme réelle à l'égo et ainsi nous donner la possibilité d'interagir avec lui. Il est aussi possible de lui donner un nom (afin de renforcer le processus de personnification).
L'égo est aussi connu pour être une entrave au développement personnel. De mon côté, j'aime plutôt l'idée de devenir ami avec lui et c'est ce que je vais t'expliquer dans cet article.
Dans un processus ordinaire, lorsque nous entrons dans une réaction émotionnelle, nous perdons rapidement le peu d'objectivité que nous avons et nous laissons place à notre égo. A ce moment précis, l'égo prend le contrôle et envenime les choses en réagissant de façon excessive à la situation, ce qui risque de déclencher la même réaction chez notre interlocuteur, puis nous faire entrer dans un cercle vicieux et non constructif.
C'est là que nous pouvons intervenir, enfin, juste un peu avant la réaction émotionnelle, entre l'arrivée de l'égo et le déclenchement des actes réels liés à la réaction.
Pour détecter ce moment et tenter de neutraliser la prise de pouvoir de l'ego, il faut au préalable savoir reconnaître les émotions que nous vivons, et comprendre comment chacun de nous fonctionne. Je vais t'expliquer comment cela fonctionne pour moi mais il est possible d'avoir d'autres modes de fonctionnement, bien sûr.
Pour cela, je vais te raconter un souvenir, celui où j'ai su intervenir pour la première fois de façon consciente avant que mon égo ne s'emballe et fasse n'importe quoi lors d'une réaction émotionnelle.
Exemple personnel : Le dîner entre copains
Nous sommes à un dîner entre copains, j'ai une posture de confiance, je discute, je blague, tout se passe bien. Puis Adrien, un ami assis à notre table, me lance d'un ton blagueur :
"On ne sait plus s'il faut rire avec toi ou de toi !"
Outch ! Je l'ai prise de plein fouet celle-là, c'en est une bien bonne !
Immédiatement, cette phrase résonne en moi. Je ressens différentes sensations qui me parcourent tout le corps : de la honte, de la gêne, de la peine, de la colère et beaucoup d'incompréhension. Je suis en train de revivre des traumatismes du passé. L'humiliation provoquée par cette critique me déclenche ces rafales d'émotions.
Pour te donner le contexte, j'ai déjà positionné Adrien sur un piédestal dans le passé. Ce qui accentue l'effet et le pouvoir de ses mots. Pour être précis, en le positionnant au-dessus de moi (ou en me positionnant en-dessous de lui), je suis seul responsable du pouvoir que je lui donne.
C'est à ce moment-là que je percute. Toutes les émotions que je traverse sont dues à différents traumatismes du passé ravivés par la résonance, par l'écho des propos d'Adrien.
La communication est établie avec mon égo. Je peux commencer les recherches.
En fouillant un peu dans les souvenirs, je tombe sur des scènes d'enfance avec mes frères. Des moments de gênes et d'humiliation que j'ai pu vivre (chacun vit ses propres histoires, souvenirs et traumatismes). Les miens se trouvaient par ici. Par des multiples scènes d'humiliation publique soigneusement agencées par mes frères (je suis le benjamin de la fratrie).
Je comprends que mes émotions, et surtout la colère qui jaillit en moi, n'est finalement pas dû à mon interlocuteur mais à l'ensemble des souvenirs traumatiques qu'il fait résonner en moi.
J'accepte de traiter et de reporter l'analyse de toutes ces informations à plus tard. J'aimerai agir rapidement face à la situation présente, sans laisser mon égo prendre le contrôle.
En comprenant le cheminement de mes émotions et ce à quoi elles font référence, je calme ma colère et réponds de façon plus neutre à sa blague. Le repas suit son cours et personne ne relève vraiment l'étendue de la situation. D'un point de vue extérieur, cette vanne est amusante et bien placée. Si j'avais été spectateur de cette blague, j'aurais ri c'est certain.
Dans la foulée, j'entre dans une bulle pendant plusieurs minutes afin de digérer ce qu'il vient de m'arriver. Je procède par étapes, j'ai envie de voir et de comprendre alors je me concentre sur les différentes images encore présentes.
En parcourant ces souvenirs, je retrouve les scènes de mon enfance mais cette fois-ci avec un angle de vue différent, en étant spectateur : j'observe et attend patiemment la fin pour comprendre. Je découvre ainsi la raison du comportement de mes frères : Ils étaient malheureux. Ils avaient besoin d'exprimer leur tristesse et leur colère à travers un défouloir. Enfant, je représentais ce défouloir. Ma posture était parfaite pour ça car j'étais le chouchou, le petit dernier.
Je décide d'écouter et de vivre mes émotions, mon cœur. Symboliquement, je les prends dans mes bras pour leur pardonner et leur dire que je comprends, et qu'aujourd'hui tout va mieux.
Je me suis retourné vers moi-même (mon Moi enfant) et je me suis aussi pardonné.
Je reviens à la réalité (le dîner), je sors de ma bulle et reprends la conversation après cette absence furtive. Ma réaction émotionnelle et ma colère ont disparu.
Lorsque je reviens de ces différents souvenirs, et surtout de ce grand passage par le pardon, je sens immédiatement une différence en moi. Un poids se déleste. Je viens d'enclencher un grand processus de paix avec ce traumatisme. Évidemment, ce n'est pas le seul traumatisme. Il y a plein de nuances et il reste encore beaucoup de travail.
Depuis cette première expérience, je fais au mieux pour qu'à chaque nouvelle situation qui fait appel à mon égo, je puisse rester calme. Différencier au mieux ce qui m'appartient, ce qui dépend de mes responsabilités. Cela me permet parfois d'éviter de mettre de l'huile sur le feu lors de situations conflictuelles. Je dis bien "parfois" car je ne reste pas moins un humain qui apprend chaque jour et qui fait de son mieux.
C'est bien plus tard que j'ai décidé de nommer mon égo, j'ai choisi "Jack Sparrow" car il représente l'image gonflée et égocentrique de mon Moi.
A chaque nouvelle situation qui résonne en moi et fait appel à mon égo, je fais au mieux pour prendre conscience de ce qui se passe en moi et pour ouvrir la discussion avec ce "Jack". Pour ce faire, j'utilise le procédé de dissociation interne qui me permet de projeter mentalement une discussion entre mon Moi et mon égo. Je lui (me) demande de me raconter ce qui se passe. L'égo réclame de l'attention parce qu'il a un message à délivrer à celui ou celle qui voudra bien lui prêter l'oreille. Je décide donc d'écouter le message.
Parfois le message peut demander plus d'efforts pour le comprendre et parfois, ce n'est pas le moment de l'écouter. La force et l'énergie nécessaire à l'accueil de ces messages sont des éléments clés du processus. C'est pour cette raison qu'il est constructif d'être indulgent avec soi-même, d'écouter son rythme, de le découvrir et de l'intégrer pleinement.
Plus je pratique et plus j'obtiens des réponses claires et précises. Il ne tient qu'à moi d'agir en conséquence et de profiter de ces nouvelles informations pour mieux comprendre qui je suis.
Introspection :
Introspection :